Fermes de Figeac tenait ses assemblées générales ordinaire et extraordinaire lundi 9 décembre à Labathude. Plus de 80 adhérents, salariés et partenaires ont répondu présent pour dresser un bilan de l’activité annuelle et participer aux débats autour d’une table ronde sur le thème « Écouter et coopérer sur notre territoire pour répondre aux attentes de la société ».

Retour en chiffres sur l’année écoulée

Dominique Olivier, directeur de Fermes de Figeac a présenté le rapport d’activités 2018-2019. Avec un chiffre d’affaire de 20 millions d’euros, la coopérative équilibre son budget et continue à diversifier ses activités à travers ses filiales matériaux, jardinerie, services aux agriculteurs, restauration et énergies renouvelables. L’approvisionnement agricole, activité majeure de la structure à 43%, a connu une collecte céréales record : 5000 tonnes collectées cette année ! L’activité produits régionaux continue à progresser et représente aujourd’hui 29% du CA, grâce notamment aux rayons à la coupe (boucherie, charcuterie, fromages…). Fermes de Figeac compte aujourd’hui 198 salariés et continue à favoriser les partenariats pour développer des activités créatrices de valeur ajoutée pour le territoire.

Regards croisés et perspectives

Par Pierre Lafragette, agriculteur à Viazac et Président de Fermes de Figeac :

« Notre activité approvisionnement agricole historique maintient une proximité de services et de conseil. L’intérêt à l’avenir est de mutualiser le rôle des techniciens agricoles en intégrant les réseaux sur notre territoire d’action et en favorisant les dynamiques de groupe. La place de la distribution est importante. Les partenariats territoriaux qui se tissent dans le temps avec les consommateurs favorisent un lien particulier avec nos magasins. Cette relation privilégiée tient notamment à l’origine et à la qualité des produits que nos équipes savent transmettre. Le service et la proximité apportés par nos filiales s’inscrivent en totale complémentarité avec les activités Fermes de Figeac. C’est dans une logique de coopération entre filières que nous souhaitons avancer, notamment sur les activités bois énergie et les services aux agriculteurs. La prise en compte de notre empreinte environnementale est primordiale aujourd’hui. Le travail des sols et les énergies renouvelables sont de véritables leviers pour l’avenir. Quant à notre nouveau statut juridique, il conforte nos valeurs, notre ancrage, notre ouverture au territoire et à ses acteurs. »

Aujourd’hui plus que jamais, les agriculteurs sont montrés du doigt dans leurs pratiques. Une souffrance que nous, coopérateurs, ne pouvons accepter. Le territoire doit rester un socle commun avec des espaces de parole et d’ouverture à tous.

« Depuis 2 ans, nous travaillons pour faire évoluer nos statuts. Une première en France. Nous sommes engagés dans le développement de projets de territoires pour redonner du SENS à notre agriculture. Les attentes sociétales sont aujourd’hui étroitement liées à une alimentation de qualité, au défi des énergies renouvelables, au réchauffement climatique. Et si ces deux derniers enjeux devenaient prioritaires ? »

Dominique Olivier, directeur de Fermes de Figeac

Table ronde

« Vous avez de la chance car ici vos fermes ont une âme ! »

François Léger, enseignant chercheur à AgroParisTech était venu il y a quelques semaines auditer le territoire avec ses étudiants. A la rencontre des acteurs du monde agricole mais aussi d’entreprises ou de citoyens, ils ont mené 67 entretiens et poser un constat : celui d’une agriculture conforme à l’imaginaire des citoyens et raisonnable en Ségala. D’un métier difficile et respectable, avec de moins en moins d’agriculteurs et moins en phase avec les attentes des consommateurs. D’une incompréhension des agriculteurs face à ces changements profonds de consommation.

Nos adhérents témoignent

Autour de la table ronde animée par notre président Pierre Lafragette, des agriculteurs ont partagé leur vision sur l’agriculture aujourd’hui :

  • Éric Amadieu, éleveur de bovins à Gorses : « Le modèle individuel, surtout en élevage est terminé. C’est trop de contraintes. On est producteurs de viande en GAEC. C’est une organisation qui nous permet d’avoir une vie sociale à côté. On a choisi de se diversifier dans les énergies renouvelables pour améliorer notre empreinte environnementale, dans le photovoltaïque et la méthanisation en petits projets collectifs. »
  • Fabien Cadiergues, éleveur de bovins à Anglars : « Je suis en GAEC avec mes parents qui vont bientôt prendre la retraite. Il va falloir repenser ce système familial pour devenir plus autonome, en diminuant le nombre de bêtes. C’est très difficile de na pas être pessimiste dans le contexte actuel. Chaque fois qu’on met la radio ou la télé, on met à mal les agriculteurs. Mais nous avons un atout : notre territoire, producteur d’herbe, sur lequel on doit capitaliser pour développer l’attractivité de notre métier. »
  • Serge Moulène, installé en bovin, porc fermier et céréales au Bourg : « En BIO depuis 1992, je suis en GAEC avec trois associés et nous allons transmettre la ferme dans les mois qui viennent. Six jeunes vont s’installer. On a pris le temps de poser le projet ensemble autour de trois valeurs essentielles : le respect du vivant, un projet collectif et une dynamique d’entreprise commune. Les intentions partagées sont primordiales pour la réussite en collectif. »

« On a oublié la fonction essentielle des agriculteurs. Celle de rattacher tous les vivants au vivant. »

François Léger, enseignant chercheur à AgroParisTech

Pour redonner du sens à notre agriculture, le lien aux autres est essentiel. Le lien au vivant. A tous les vivants. Le dialogue et la confiance sont indispensables. En réinvestissant les filières de manière collective et individuelle, en écoutant pour être compris, en favorisant les espaces de dialogue, en tissant de nouvelles alliances, nous éviterons que naissent des inquiétudes infondées.

Affirmer notre ancrage au territoire dans nos statuts

Le passage de SICA à celui de SAS de l’Économie Sociale et Solidaire était un temps fort de cette assemblée générale 2019. Ferme de Figeac évolue vers le statut SAS à capital variable de l’Économie Sociale et Solidaire réaffirme ses principes coopératifs dans sa nouvelle gouvernance : 1 homme/1 voix, un ancrage au territoire prépondérant, une mise en réserve de la majorité du résultat, une disparité des rémunérations salariales maîtrisée… Concrètement, ce nouveau statut offre un fonctionnement en collèges :

  • Un collège agriculteurs majoritaire dans la prise de décision,
  • Un collège salariés et filiales,

A terme, ce statut permettra d’ouvrir le capital à d’autres acteurs du territoire avec d’autres collèges.

Témoignages

« Dans ce passage de SICA à SAS de l’Économie Sociale et Solidaire, la volonté était de conserver l’esprit coopératif dans lequel Fermes de Figeac a grandit tout en répondant aux attentes de toutes les activités. »

Christophe Albouy, Cabinet Albouy Associés à Rodez

« La démocratie, la gouvernance, l’ancrage au territoire, l’affectation du résultat… Toutes les dimensions qui font l’ADN de Fermes de Figeac sont inscrites dans cette nouvelle forme de société. »

Maître Rocher, avocat à Clermont-Ferrand.